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Titre du blog : Est-ce que je peux passer chez vous avec mon âne ?
Auteur : aupasdelane
Date de création : 06-07-2009
 
posté le 02-01-2011 à 19:08:32

D'une galère à l'autre : de la neige aux ânes...

 


La neige a fondu, alléluia !… Réjouissons-nous, mais pas trop vite peut-être, car évidemment, c’est juste au moment où il n’y a plus à rouler, qu’elle disparaît.

 

Rouler… oui… cela m’arrive, encore que ces derniers temps le terme n’était pas tout à fait adéquat, ni approprié aux circonstances. Il m’a surtout fallu beaucoup glissé et patiné. Une fois, j’ai dû renoncer et laisser la voiture sur place et une autre fois, je me suis retrouvée bloquée 8 heures sur une autoroute, dans la région parisienne, à 3 kmde la sortie. Bref, c’est à se demander comment j’ai pu être, malgré ça, à tousmes rendez-vous dédicaces.

 

 

Heureusement, je ne vous parle que de ma voiture ; si j’avais parlé – en de mêmes termes – de mon âne, je n’ose imaginer les réactions d’horreur qu’il y aurait eu à l’encontre de ce – pauvre – animal. « Huit heures sans pouvoir bouger ! Mais c’est vraiment têtu comme bête et vous êtes bien courageuse d’accepter de voyager ainsi… »

Mais non, il ne s’agit que de mon irréprochable véhicule motorisé… Sa faute lui est pardonnée.

 

 

Cela dit, je précise que cela peut arriver, de rester bloquer une demi-journée, ou même une journée avec un âne,mais – toujours pour préciser – cela n’entre pas encore dans le panel de mes multiples expériences anesques (dans mon cas, pas plus d’une heure, me semble-t-il).

 

 

Mais cela m’a conduit à une remarque : tiens ! rien d’évoqué jusque-là sur les moments galère avec l’animal. Ça arrive évidemment et si je ne les raconte pas, bien sûr, on va penser que je fais du prosélytisme pour ânes (ce qui n’est d’ailleurs pas complètement faux vu que j’ai déjà fait quelques convertis, mais ça ne dépasse pas encore les religions officielles)…

 

De là, l’idée de proposer une série sur les « galères anesques » ; ça ne sera pas de la grande tragédie, c’est sûr, car après coup les histoires ont plutôt tendance à faire plier de rire et j’ajouterai à cela un point qui ne me semble pas négligeable : c’est encore comme ça qu’on en apprend le plus sur les ânes.

 

 

Bref, tout ça pour vous dire que je ne suis jamais sortie traumatisée de ces – disons – « mauvaises » expériences, mais qui finissent quelque part par devenir d’excellents souvenirs de voyage. Petit bémol à l’élan peut-être un peu trop optimiste de mon enthousiasme anien : les tragédies existent aussi, parfois ; on se les raconte à certaines occasions entre randonneurs anophiles, mais jamais cela n’a dissuadé quelqu’un de partir avec son porte-bagages à oreilles.

 

 

Donc, on prend des risques, bien sûr. C’est comme avec la voiture. Mais la voiture, une fois de plus, on lui trouve des excuses…

 

Ma première expérience, je vais l’intituler « L’ânesse du boulanger ». Oui, je vois, vous vous croyez partir dans un truc à la Pagnol. En fait, pas du tout…

 

 

J’avance pourtant bien vers le Sud, puisque je me trouve à ce moment-là dans le sud de l’Auvergne, aux environs de la Chaise-Dieu, mais la comparaison avec Pagnol s’arrête là.

 

       Ce jour-ci,me voici  par une belle matinée, quittant le pré pour poursuivre ma route..

Enfin, quand je dis « belle matinée », je fais surtout allusion au temps. Ma dernière nuit dans un pré totalement isolé, m’avait laissé le souvenir des bosses du terrain sur le dos, ainsi que des restes de fumets de crottins d’ânes qui continuaient d’adhérer à la semelle de mes chaussures.

 

 

Pourtant,la veille, j’avais cru arriver à la meilleure des adresses. Un boulanger amoureux des ânes. C’était donc l’espoir d’un pré avec des copains pour mon âne et un petit-déjeuner avec croissants pour moi. Mais on m’avait maintes fois indiqué l’adresse d’une maison qui n’avait jamais existé (le boulanger n’habitant pas au même endroit que ses ânes) et ce dernier, contacté par un voisin du pré, avait cru bon de devoir me dépanner. Mais on est dans le sud del’Auvergne. « Dépanner », ici, n’a pas le même sens qu’en d’autres régions.

 

J’eus le droit au strict minimum : un pré qui me fit aller en arrière de mon itinéraire. Dans le pré en question, du crottin partout et une petite rivière inaccessible pour mon âne. Quant aux croissants, évidemment, il n’en fut même pas question. Je revis le boulanger le lendemain et il me fit :

–« Ah, zut ! J’ai oublié le pain dur pour l’âne !… »

Il y a des traditions qui font sourire… (voir articles précédents sur le sujet).

 

 

Aussi,nous arrivons comme je le disais, à cette « belle » journée du lendemain. Mais à peine partis, une visite s’impose. Mon chemin passant devant le pré des ânes du boulanger, il fallait au moins que je m’arrête pour un petit salut cordial entre grandes oreilles. En fait d’ânes, le pré était uniquement occupé par des ânesses et, très rapidement, je vais comprendre que cela n’est pas qu’un simple détail. En effet, à peine mon âne s’est-il approché des demoiselles, que celui-ci a provoqué une véritable émulation. De vraies groupies, ces ânesses ! Je ne m’y attendais pas. Et c’est alors que je constate l’état de la barrière : nul doute qu’elle ne va pas résister à l’assaut. Alors, sans attendre et du mieux que je peux, j’essaye de la redresser, mais trop tard : une ânesse, d’un bond, passe par-dessus.

 

 

La situation se complique. Il faudrait que je puisse faire rentrer l’ânesse dans son pré, mais mon âne m’embarrasse d’autant plus que, lui aussi, ne paraît pas indifférent aux assiduités de la poursuivante. Un peu plus loin, un poteau téléphonique sur un bord de fossé. Je décide de l’attacher-là. Bien sûr, l’ânesse nous suit. A cet instant, un automobiliste s’arrête. Je lui explique la situation et lui demande s’il a une possibilité de contacter le boulanger. Il est d’accord. L’ânesse, rebelle, refuse de rejoindre son pré, mais grâce à l’automobiliste, la situation semble s’arranger.

 

 

 

Erreur en fait, car voilà que mon âne a soudain la lubie de vouloir sauter par-dessus le fossé. Toujours fixé avec sa longe, il se retrouve de l’autre côté du poteau téléphonique, mais de l’autre côté, un câble qui sert à consolider l’assise du poteau. Aussi, en moins de deux, mon âne, avec son bât, les sacoches et tout le chargement, se retrouve coincé entre le câble et le poteau. Panique de l’animal qui commence à tirer comme un forcené pour se dégager. Je vois alors le poteau téléphonique qui se met à osciller dangereusement et m’imagine déjà en train d’expliquer à tout un village pourquoi ils n’ont plus de téléphone.

 

 

Sans attendre, je vais vers mon âne et l’oblige à reculer, mais le câble lacère littéralement le chargement et le poteau continue ses inquiétantes oscillations. Et soudain, un crac : c’est le bât qui cède ; l’âne se retrouve catapulté dans le fossé. Le bât lui passe par-dessus la tête, les affaires volent de partout ; une partie d’entre elles se retrouve sur la route, laquelle est heureusement très peu fréquentée.

 

 

L’âne se redresse, sort du fossé. Je ramasse les affaires. A cet instant, je crois que je n’ai plus de bât, ce qui est évidemment fatal pour ma randonnée alors que je ne suis qu’à mi-chemin. J’inspecte la partie abîmée et constate simplement une sangle raccourcie au niveau de la bricole. Je remets le bât sur le dos de mon âne, essaye quand même : la bricole est un peu de travers, pas très symétrique, mais le bât tient.

 

 

Tant pis pour l’esthétique ; l’essentiel est que ça tienne. Je remets les affaires, laisse derrière moi l’automobiliste et l’ânesse, ça oui !… et reprends mon chemin comme si de rien n’était...

 

Pour finir, quelques photos de l'hiver...