Où allons-nous dormir ?
Nous voilà continuant notre chemin, cahin caha dans la région de Yèvres. Chercher à atteindre Sens, n'a maintenant plus de sens, pour ainsi dire... Chéri semble si mal en point qu'une décision s'impose dans les 24 – ou tout au plus 48 – heures. Seulement, pour cette deuxième fin de journée, la priorité est ailleurs : atteindre un endroit pour la nuit et si possible avec un accès en eau, vu que la veille on n'en avait pas. J'ose même rêver à une douche. Une totale utopie vue l'étendue des champs qui se profile sur tous les horizons que nos regards peuvent atteindre. Nous sommes déjà dans la Beauce, ça c'est clair ! Et voilà, en plus, l'âne, qui se traîne au milieu de cet espace nu, avec le pas d'une tortue centenaire. Si au moins, il y avait eu quelque chose de beau à voir !
Péniblement, nous atteignons les premières maisons. Une Nationale un peu dangereuse à traverser et une petite rue qui nous apparaît, soudainement, très sympathique (comparée à l'étendue champêtre). On se renseigne... On apprend qu'il y a une ferme un peu plus loin.
Mais, pour cette fin de journée, notre chemin va s'arrêter net. Des gestes qui viennent d'une fenêtre. De toute évidence, nous sommes accueillis. On ne pouvait pas rêver mieux !
Derrière la maison, un grand espace herbeux, bien aménagé, avec un plan d'eau et – reine des lieux, une petite ponette Shetland pie. Le propriétaire arrive et se présente : Jacky. Avec lui, un copain de Normandie venu lui rendre visite. Jackie accepte de nous laisser planter la tente et plus encore... Il nous offre un accès libre à sa salle de bains et nous invite à dîner. Pour l'occasion, Frédéric décide d'ouvrir l'unique bouteille de vin rouge que nous avons dans les sacoches (je précise "unique"... au cas où certains se feraient des idées...) Mais il y a une autre urgence : débâter Chéri et s'occuper de ses soins. Chéri, aussitôt, se roule sur le sol et... au moment de se relever... malaise... il se met à tituber et retombe sur son arrière-train. ” Vous n'allez pas aller bien loin ", commente laconiquement Jacky. Heureusement, la deuxième fois, Chéri parvient à se redresser sans difficulté. Je comprends alors que mon idée de reculer le bât sur l'arrière n'était pas la bonne. En plus de cela, je n'ai même pas pu éviter le frottement, car – à présent – des blessures derrière chacun des antérieurs et les bobos se sont même élargis. Un bât mal disposé... Une sangle qui continuait à frotter sur les blessures... Ça expliquait le comportement de Chéri. Or, pour moi, pas question que la randonnée soit une contrainte ou, pire encore, une souffrance pour mon âne... Mais comment réussir à soigner tout ça ? Zéro solution.
En attendant, à notre tour de souffler un peu. Le dîner a lieu dans une ambiance quelque peu joviale... Le moment est aussi celui des confidences. C'est ça aussi la randonnée : des bouts de vies drôles ou moins drôles... que l'on se raconte. Jacky avait d'ailleurs des tas d'anecdotes amusantes concernant son ancienne vie dans les boutiques de stations d'autroutes. Il y a parfois des métiers auxquels on ne pense même pas...
Mais, peut-être le vin aidant, Jacky va en venir à une autre confidence inattendue : en nous voyant arriver, il avait pris les cheveux – un peu longs, c'est vrai – de Frédéric, pour ceux d'une fille. D'où son geste spontané pour accueillir deux filles chez lui, alors qu'ils étaient justement deux gars.
Je ne sais pas si c'était le vin, mais en tout cas, on a bien ri...
A bientôt, pour la suite...
Commentaires
Bonjour, il me semble qu'il serait urgent pour Chéri de recevoir des soins.... fanfan76