A Tillay-le-Pèneux, aucune possibilité d’hébergement et déjà les lumières rasantes d’une fin de journée. Nécessité de quitter notre itinéraire tracé : nous nous orientons vers le sud-est, au lieu du nord-est afin de rester à proximité d’habitations.
Notre souhait serait même de trouver un toit, étant donné un changement de météo annoncé pour le lendemain matin – voire au cours de la nuit.
Nous arrivons à « Bois Tillay » avec un âne qui, heureusement, ne « boi-tillait » pas. Petit bourg très tranquille. Trop, à notre goût. A travers une fenêtre, nous finissons par avoir un contact avec une ménagère occupée dans sa cuisine. Un garçon est là, également, intéressé par notre âne. « Tiens ! On dirait Virgule ! »
On rectifie le nom. Ce n’est pas « Virgule », c’est « Chéri ». La remarque du garçon ne tombe pas dans l’oreille d’un sourd. On comprend évidemment qu’il y a un âne dans le secteur, ce qui peut évidemment vouloir dire, pour nous, une très éventuelle possibilité d’accueil pour une étape. Mais encore faut-il réussir à trouver les propriétaires, qu’ils soient présents, qu’il y ait un terrain dispo, que notre âne soit accepté par l’autre... Bref : et si et si et si…
Nous apprenons que « Virgule » habite le village d’à-côté, mais les explications pour trouver les propriétaires de l’âne ne sont pas d’une réelle limpidité. Nous décidons quand même d’aller voir. Nous prenons donc la direction de Bazoches-les-Hautes.
Nous sommes à mi-chemin lorsque nous voyons le garçon venir vers nous sur son vélo. Il a finalement décidé de nous accompagner pour nous montrer où habitent les propriétaires de Virgule. Un geste bien gentil de sa part, car plus moyen de perdre du temps en détours et tergiversations, vu qu’il est déjà tard.
La tête de Virgule finit par apparaître de derrière une clôture. L’âne a pour seule compagnie, des oies. En apercevant notre « Chéri », le voilà qui s’emballe, fou de bonheur de rencontrer un copain.
La maison est juste à côté. Une grande façade qui s’étale tout en longueur avec plusieurs portes. Le premier souci fut de trouver la bonne porte. Même le garçon ne savait pas. On frappa à l’une, puis à un carreau, puis à une autre porte. Je me disais, en même temps, qu’il ne servait à rien d’insister : peut-être qu’on dérangeait.
Mais finalement une porte s’entrebaîlla. Une vieille dame accompagnée d’un magnifique chien de race, fraîchement toiletté. La dame appela sa fille.
De notre côté, on remercia notre jeune guide. Il pouvait maintenant rentrer chez lui.
L’accueil était possible, mais il n’était pas des plus simples. Virgule n’était pas habitué aux autres ânes. Les oies de Bernache, qui circulaient dans toute la propriété, risquaient de ne pas nous réserver le meilleur des accueils et moi – c’est certain – je me sentais jamais très à l’aise en présence de ce genre de volaille – surtout les jars – qui pouvaient venir me pincer les mollets.
La solution était le jardin d’une voisine, mitoyen au pré de Virgule, mais il fallait encore demander l’autorisation.
Autorisation acceptée. Nous avions le droit à un petit espace vert entièrement clos, où nous pouvions mettre l’âne et la tente. On nous signala en même temps que le dessert était au-dessus de nos têtes. En effet, dans notre petit jardin, un pêcher croûlant sous le poids de pêches mûres à point.
Les premiers instants de l’accueil furent rapides. Il était possible qu’on dérange. La propriétaire de « Virgule » avant de s’éclipser, précisa qu’on allait avoir aussi la visite, sans doute indésirable, du fils de la voisine : un adulte un peu attardé, gentil, mais intarissable en questions et collant. Aucun problème : on allait s’occuper de l’accueil de cette personne… La propriétaire du terrain, quant à elle, ne vint pas à notre rencontre.
Pour moi, le problème essentiel restait non résolu : celui de la pluie, qui allait nous tomber dessus dès demain matin. Pas le moindre abri pour nos affaires. On a beau essayer d’anticiper les situations : on n’a pas toujours les solutions.
Le fils dérangeant ne tarda pas à faire son apparition. Il semblait chercher à tuer le temps et, au début, nous étions contents de pouvoir lui offrir un petit divertissement. Mais les questions fusaient et impossible de trouver un endroit pour échapper à ses regards car, en même temps, on le voyait tourner derrière la haie, pour mieux suivre tous nos déplacements. Au bout d’une heure, ça devenait vraiment du harcèlement.
Même lorsqu’on est accueilli, il y a des contextes qui compliquent sérieusement notre situation. J’eus finalement une idée : simulation d’un moment intime à deux, entre amoureux. Notre visiteur, tout à coup, s’est senti de trop et a pivoté des talons. C’était la bonne solution !
Finalement, nous avons revu notre « hôtesse d’accueil » qui –entre-temps – étaient devenue notre voisine. Son mari était revenu du travail. Nous avons appris qu’il s’agissait d’une famille éleveuse de terres-neuves, dressés pour le sauvetage en mer.
Curieux d’entendre parler de sauvetage en mer, dans la Beauce ! Il y avait quand même un plan d’eau, dans les environs d’Orléans, pour l’entraînement des chiens.
Bref, nous étions chez des passionnés d’animaux. D’ailleurs, le lendemain matin, le couple d’éleveurs devait partir de très bonne heure avec des chiens qui devaient concourir pour un salon. Donc aucune chance pour nous de les revoir avant le départ.
On nous fit ensuite une proposition qui me parut très agréable à l’oreille. Nous pouvions profiter de la douche dans la soirée. Moi qui, justement, attendait d’avoir l’occasion de me laver les cheveux.
Mais au moment d’essayer la douche, mauvaise surprise : les robinets avaient beau être tournés dans un sens ou dans l’autre, pas la moindre goutte d’eau chaude.
On finit par découvrir l’origine du problème : la chaudière était tombée en panne. Adieu eau chaude. Adieu le shampooing !
Petit coup d’œil en direction des terres-neuves qui circulaient dans la maison. Eux avaient un poil magnifique, propre et luisant. Un toilettage fignolé. On voyait que ça s’était terminé au brushing. Ma chevelure, par comparaison, semblait pitoyable…
J’osais une timide demande : « Ne pourrait-on pas avoir une – petite bâche – pour protéger nos affaires contre la pluie ? » J’en avais bien emporté une, mais minuscule, juste pour abriter nos chaussures.
Nos hôtes n’avaient pas de bâche. Mais ils avaient bien mieux : un grand auvent dépliable. L’auvent fut installé dans notre jardin, mais il fallut quand même prévoir de le maintenir avec le poids des sacoches, au cas où un vent fort se mettrait à souffler.
L’auvent installé, nous avons pu tranquillement allumer notre réchaud pour un petit dîner sous une nuit étoilée. Encore des étoiles avant l’arrivée des premiers nuages…
En regardant mon âne, un peu de désolation à l’idée de ne pas pouvoir lui offrir un abri. Mais « Chéri » allait quand même pouvoir mettre un bout de ses fesses ou de sa tête, sous l’auvent. C’était mieux que rien.
Nous nous sommes endormis sous la tente en nous demandant si c’était le jour ou la pluie qui, demain, allait nous réveiller.
Malgré la pluie, demain allait être un grand jour…
(A suivre…)
Commentaires
Bonjour,
Je vous souhaite une BONNE ANNEE 2016, et encore de belles balades avec votre âne.
Au plaisir de se relire sur nos blogs.
Amicalement,
Gégédu28
Bonjour,
... une bien belle histoire qui se termine bien.
Visite du département à pas tranquilles !
A Tillay-le-Péneux vous étiez tout près du Centre de la Beauce :
... c'est à :
Bonne continuation.
Gégédu28