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Titre du blog : Est-ce que je peux passer chez vous avec mon âne ?
Auteur : aupasdelane
Date de création : 06-07-2009
 
posté le 24-01-2010 à 17:14:20

Orage, neige... quand les éléments se déchaînent

Ça y est la neige a fondu, bien fondu ! Juste quelques petites nappes qui se maintiennent de ci de là, dans ma campagne. Au cours des nuits les plus froides (chute des températures à près de  – 15), les ânes ont eu le droit à leur petit manteau d’hiver. Ces manteaux sont taillés pour des corpulences de chevaux et poneys ; pas de prêts-à-porter ânes ; j’avais donc peur que ça ne tienne pas sur leur dos... Mais je n’allais leur offrir du sur-mesure quand même ! Et pourquoi pas de chez Cardin ? Peu après Philippine (la petite ânesse) s’est roulée et le manteau s’est retrouvé de travers... mais pas pour Chéri... Lui, il avait compris qu’il ne fallait pas se rouler tant qu’il avait ce truc-là sur le dos... Comme quoi, c’est pas bête un âne !

 

 

                                    Chéri et Philippine avec leurs doudounes 

 


L’été est loin, pourrait-on penser...  mais cette météo hivernale, ne fait-elle pas penser aussi aux pointes extrêmes de la météo estivale ?  Par exemple, entre la neige et l’orage, il y a bien un point commun... les deux nous bloquent...


Oui, j’ai été bloquée par la neige cet hiver et par les orages, cet été. Ça ne change pas.


Souvent, on m’a demandé comment je vivais le moment des orages au au cours de mes randonnées. J’ai envie de répondre : c’est une question d’habitude.


Le paradoxe, c’est que je crains moins les orages lorsque je suis en randonnée que lorsque je les vois arriver sur ma maison quand je suis chez moi. 


Quand vous randonnez, vous vivez au contact de la nature ; vos peurs ne sont plus les mêmes. Vous voyez dans la nature un côté protecteur et donc les orages ne paraissent pas trop inquiétants.


A cela, j’ajouterai qu’il y a de bons et de mauvais orages. J’entends par là que les moments d’orage peuvent être parfois pénibles ou au contraire, ça peut correspondre à un moment extraordinaire,  où l’on vit l’aventure d’une manière intense.


Entre les orages de l’Auvergne, le gros orage du Lubéron et les fracassants coups de tonnerre en Corse, cet été on peut dire que j’ai été gâtée...


L’Auvergne d’abord. Des orages généralement pas très forts, mais qui durent longtemps et parfois toute la journée. Bref, de gros ronrons de chat que vous avez en permanence  au-dessus de la tête, avec parfois une averse qui vient tout lessiver juste au moment où on espérait pourvoir sécher. Puis, de temps à autre, quelques éclairs qui vous laissent craindre que ça va s’aggraver.


Evidemment, des orages qui arrivent au moment où il devient difficile de s’abriter ; ainsi une journée complète d’orage alors qu’au cours de cette journée, je devais traverser une forêt sans trouver une seule bicoque pour m’abriter.


Toujours en Auvergne, vous avez l’orage qui commence dix minutes après le départ et qui s’arrête cinq minutes après le moment de pause, et cela après tous vos efforts pour trouver un abri à la fois pour votre personne et pour l’âne, sachant que l’âne a aussi besoin d’herbe pendant sa pause déjeuner.


Trois jours consécutifs comme ça.


D’où plainte de ma part contre l’orage. Mais après ce fut l’inverse (il a dû être vexé) : ça dégringolait juste au moment de la pause, si bien qu’il fallait parfois déménager pour trouver un abri sûr.


Mais l’Auvergne, ce ne fut que le hors-d’œuvre. Plus je m’avançais dans l’été et plus je descendais vers le sud, et plus les orages se faisaient violents...



Une fois dans la Drôme, un automobiliste s’est arrêté à ma hauteur : 

– Il ne faut pas rester là. Il y a un très gros orage qui arrive. Vous devez vite vous abriter. Je viens de la ville d’à-côté, je vous le dis, il est très violent...


L’automobiliste, en fait, semblait plus inquiet que moi. Il me proposa un endroit à proximité, pour m’abriter. L’idée de m’arrêter de si bonne heure me contrariait un peu, mais en même temps, c’est vrai qu’il n’y avait aucun autre abri ailleurs ; juste le bord d’une longue route, et il ne fallait pas faire preuve d’imprudence...


L’orage ne fut pas aussi terrible que cela mais il me fallait quand même remercier  cet inconnu. Grâce à lui, je restai au sec, et Chéri aussi !


Et puis, il y a eu ce gros orage du Lubéron.


On ne peut pas dire que j’ai été surprise ; je savais qu’un gros orage allait tomber dans l’après-midi, pour une fois la météo ne s’était pas trompée. 


Le problème, c’est que ce jour-là, je traversais les pointes les plus élevées de la chaîne de montagne du Lubéron et... j’en avais pour la journée... En regardant ma carte, la situation était assez claire :  il y avait bien 4 à 5 heures de marche sans rencontrer une seule maison. A cela, il fallait ajouter le temps de la pause déjeuner. Celui-ci qui était ordinairement de 2 heures pouvait être raccourci à une heure, mais cela supposait quand même que je resterai au moins 5 heures sans rencontrer une seule autre âme.


J’hésitais un peu, mais je dirais surtout que ma principale inquiétude était de me perdre. Perdue au milieu de la montagne sous un gros z’orage, là c’est moins rigolo.


Bien vite, je repérais sur la carte ce qui correspondait à la dernière maison. Allons jusque-là et ensuite, on avisera.


J’ai réussi à atteindre sans difficulté la dernière maison. La famille, des Mexicains, confirma les indications de la carte : leur maison était bien la dernière sur de très longs kilomètres. La famille n’était pas particulièrement accueillante et d’autre part, l’orage ne s’était pas encore manifesté. Donc, autant continuer... car dans le pire des cas, je pouvais aussi rebrousser chemin et chercher à rejoindre la dernière maison.


Une heure plus tard, me voilà installée dans un très agréable petit coin pique-nique. Très agréable oui, sauf qu’au loin, cette fois, de violents grondements. Pas de doute, c’était mon orage qui arrivait... Curieusement, malgré la puissance des grondements, le ciel était encore d’un bleu limpide, mais on sait bien que les orages sont parfois traîtres.


Comme convenu, j’écourtais ma pause déjeuner, remettant bien vite les sacoches sur mon âne pour faire un peu de route tant que le ciel était bleu. 


Le trajet était assez bien balisé ; je n’étais pas perdue ; c’était l’essentiel. Mais plus j’avançais et plus il me fallait monter. Et tout à coup, par-dessus la crête, je vis arriver une masse de nuages, noire comme du charbon et marquée en continu par une giclée d’éclairs. Et en un rien de temps ces nuages vinrent envahir toute l’étendue du ciel, comme si la nuit tombait prématurément.


Coup d’œil sur la carte ; j’étais à 300 mètres du sommet et je n’avais qu’un quart d’heure avant que le plus gros de l’orage arrive sur moi. Le calcul fut vite fait : J’étais en plein milieu de mon trajet en montagne (avec autant de kilomètres derrière moi que devant) et  en plus de cela, c’était normalement au sommet que je devais croiser l’orage. Autant dire, je ne pouvais pas être à un pire endroit !


Mais tout ça n’était que des prévisions de dernière minute. Et 300 mètres, ce n’était rien du tout. Aussi, peut-être que j’allais réussir à passer le sommet juste avant l’orage. Ce serait sans doute juste juste, mais autant tenter.


Pour cela, il fallait s’engager dans un sentier assez exigu et beaucoup plus pentu.

 

Je pensais ne rencontrer aucun problème, sauf que du côté de mon âne, l’avis n’était pas du tout le même. Un âne peut-il avoir peur de l’orage ? Je n’en sais rien...  Peut-être a-t-il réagi par rapport à l’ensemble de la situation : le fait de monter sur un chemin très étroit, alors que l’orage arrivait juste en face. En tout cas, il s’est montré tellement récalcitrant qu’il a réussi à rebrousser le peu de chemin que l’on avait parcouru.

 

Cinq minutes de perdues, cette fois plus le choix... il fallait s’arrêter. J’ai attaché l’âne à un arbre et je l’ai débâté à toute vitesse car dès lors la foudre tombait à toute volée. Et puis j’ai eu l’idée de sortir ma tente. j’avais un abri à porter de main, pourquoi ne pas en profiter ? La végétation était basse, offrant comme abri, du moins pour moi, des petits recoins assez sécurisants. 


Ma tente installée, je m’enfermais dedans... Et là, deux secondes après, c’était comme si je me retrouvais sous un bombardement. La foudre tombait avec une telle violence que je sentais le sol trembler sous moi. En fait, on finit par se laisser fasciner par ses forces inouïes de la nature. Seul désagrément, les oreilles qui se bouchent par moment...  


L’orage n’a pas duré longtemps. Une heure plus tard, il était parti. Donc, j’ai pu reprendre ma route tranquillement. Mais heureusement que Chéri avait refusé un peu plus tôt de monter... Les 300 derniers mètres qui me séparaient du sommet étaient en fait un chemin très difficile ; c’était juste quelques centaines de mètres, d’accord, mais là il fallait s’empêtrer dans des buis et entre de petits arbustes qui vous lacéraient tout le corps. C’était si étroit que j’avais parfois un doute sur le fait de pouvoir continuer jusqu’au bout avec l’âne... De temps en temps, il fallait casser des branches et c’était juste juste... En fait, sous un orage comme celui-là, cela aurait véritablement tourné à l’enfer. Je ne sais pas si les ânes ont de l’intuition... en tout cas, le mien m’a donné une belle leçon... La prochaine fois j’essayerai un peu plus de l’écouter.


Pour couronner le tout, lorsque je suis arrivée sur la crête, le poteau indicateur du chemin était à terre, son pied en bois rompu au niveau de la base ; apparemment il était fraîchement tombé, sans doute sous l’effet  de la foudre... Heureusement que je ne m’étais pas plus approchée de l’endroit !


Quand je suis arrivée dans la vallée, les routes étaient encombrées par des camions et des machines de fête foraine... Des machines qui me semblaient tout à coup bien superflues... Pour avoir des sensations, ce n’était pas compliqué, il suffisait de grimper dans la montagne....


J’ai encore un peu marché et après quelques petites difficultés pour trouver un endroit pour dormir, j’ai finalement rencontré une famille très accueillante. Bilan de cette journée : malgré ce violent orage qui  était arrivé au pire moment, j’ai eu l’impression que tout s'était très bien passé.


Aussi, quand je suis arrivée en Corse, je pensais être déjà, pour ainsi dire, rôdée aux orages. Les Corses vous disent que leurs orages à eux sont les plus violents, mais... c'est comme le reste : leur île est la plus belle ; leur cuisine est la meilleure ; leur histoire est la plus riche, et j’en passe...

 

 

 

                                                        En Corse, orage au loin

 

 

D’accord, mais dans ce cas encore faut-il qu’orage il y ait... Depuis deux mois, pas une seule goutte de pluie dans la vallée ; quelques orages qui venaient seulement tonner sur les sommets les plus élevés de l’île, mais pas aileurs... Pourquoi faudrait-il que l’orage arrive, peu après mon arrivée à moi sur lîle ? 


D’ailleurs, les Corses eux-mêmes n’y croyaient plus... et pourtant ils espéraient vivement la venue de cet orage de fin d’été, tandis que moi j’espérais vivement le contraire... 


Mais, c’est finalement eux qui ont eu gain de cause... Et là pourtant même la météo ne semblait pas trop le prévoir. Encore un orage qui irait  vers les sommets des montagnes, disait-on une fois de plus... Sauf que cette fois l’orage arrivait de la mer et, si celui-ci avait une petite prédilection  pour les sommets des montagnes... il fallait bien qu’il traverse la plage et même la vallée pour les atteindre. Car je ne crois pas qu’un orage puisse être capable d’enjamber, quand à l’idée qu’il contournerait la région et ma tente... ce serait une hypothèse vraiment absurde.


J’étais donc en bord de mer, à Cargèse, quand j’ai vu arriver l’orage droit sur la ville. Je n’étais pas encore partie, mais cette nuit-là, j’étais dans une propriété et sous une toile de tente. Cette tente m”avait été offerte quelques jours plus tôt, la mienne ayant rendu l’âme pour ainsi dire... Oui, c’était une chance d’avoir déjà une tente, sauf que celle-ci avait aussi une grosse déchirure sur le côté.


En effet, les orages corses ont une particularité : ils sont ordonnés et méthodiques pour ainsi dire... Je m’explique : vous avez d’abord la première partie avec un tonnerre absolument fracassant qui fait tout trembler. Après la phase tonnerre, vous avez le droit à la phase grêle... un vrai mitraillage qui lacère tout sur son passage... la grêle s’arrête et ensuite, vous avez un vent à décorner tous les cocus de la terre pour finir par une avalanche de pluie qui vous tombe en cascade sur le dos.

Autrement dit, vous n’avez pas été assommé par la foudre, ni mis k.o par la grêle, vous avez encore le vent pour vous mettre par terre et la pluie pour vous noyer...


C’est justement la phase pluie qui a été le plus problématique pour moi. J’ai dû lutter dans ma tente pour ne pas me faire envahir par l’eau. Je bloquais la fente, mais l’eau finissait par arriver de toute part. Alors, j’ai dû penser à protéger mes affaires et, comme j’avais déjà lu l’histoire des 3 petits cochons,  je quittais ma piscine naturelle pour aller m’abriter vite fait dans la maison du voisin (en fait les proprios du pré). Et quand je suis rentrée, que se passait-il dans la maison ? On avait sorti les serpillères et on nettoyait le sol... parce que le toit fuyait... Même dans la maison, la pluie réussissait à rentrer !


Les orages corses durent également longtemps. Bien sûr, je m’inquiétais aussi pour mon âne : il n’avait pas beaucoup de possibilités pour s’abriter... Et le pire pour lui, ce fut sans doute la grêle.


La grèle, il ne comprenait pas. Pourquoi tout à coup il se faisait lapider, mitrailler ? Qu’avait-il fait pour cela ? Il n’avait pas l’habitude. En Corse il y a plein d’ânes et je ne pense pas que la grêle les transforme en passoire... Mais lorsque les grêlons deviennent aussi gros que des œufs et que l’impact est violent, on peut se demander quand même s’il n’y a pas un danger.


Car les orages corses sont comme ça ; ils combinent toutes les violences atmosphériques...  et c’est ce qui les rend redoutables.

 

 

                                            Arrivée de l'orage à Cargèse

 


Mais malgré tous les désagréments qu’ils provoquent, c’est surtout le côté fascinant de ce phénomène que je garde en mémoire.... Je sais que je les croiserai à nouveau sur mes chemins dans mes prochaines randonnées. Ils font partie de l’imprévu et, pour cela on ne peut les dissocier de tout ce côté aventureux qui fait si bien le charme de la randonnée. Et déjà, la prochaine fois, Chéri aura un peu moins peur de la grêle...

 

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NDA - Des panneaux ont été rajoutés dans le bêtisier des panneaux (page 1). Au total 65 panneaux. 

 

 

 

Commentaires

lejardindhelene le 24-01-2010 à 23:35:18
Courageuse...parce que les orages, surtout en montagne, le danger est bien réel...