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Est-ce que je peux passer chez vous avec mon âne ?

le 23-12-2009 12:28

Bon noël

A l'heure actuelle, me voilà très occupée par mes signatures de livres avant les fêtes de Noël, ce qui fait que je suis rarement chez moi. Juste quelques allées et retours à l'occasion desquels j'ai pu voir mes ânes avec les sabots dans la neige. Ils ont maintenant une grosse laine sur le dos si bien qu'ils préfèrent caracoler dans la neige plutôt que de rester à l'abri dans leur cabane. 

 

Sinon, reçue par la poste, cette vidéo filmée et montée par mon ami Jo de France 3 Corse qui montre mes cinq derniers jours de rando. Un beau cadeau... Elle est maintenant sur You tube, son auteur m'ayant autorisée à le faire.

 

 

 

 

 

Bien sûr, dès la semaine prochaine je continuerai à vous parler de mon voyage. En attendant, à vous tous je souhaite de très bonnes fêtes de Noël, même si je sais que cette période est parfois éprouvante pour certains... 

 

 

 

Cf : Couverture de mon livre : Du Soleil dans les yeux et le pas de l'âne comme un cœur qui bat, journal d'une traversée de la France avec un âne, chez Yvelinédition. 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. lejardindhelene  le 23-12-2009 à 14:26:55  (site)

Joyeuses Fêtes à toi aussi

2. nina43  le 26-12-2009 à 14:34:01  (site)

coucou
magnifique le film et l'emotion que tu fait ressentir a la fin et tout toi, ta passion pour cela, c'est tres prenant.
bisous
joyeuses fetes et bonne année

5. alain76  le 28-12-2012 à 18:59:35  (site)

bonsoir Emmanuelle, je reviens ce soir mon âme empreinte du seul souvenir de Nousty. je crois que cet animal aura su me laisser un souvenir impérissable et cela grâce à vous. il est une chose que je retiens c'est l'attirance des enfants pour cet équidé, juste pour sentir sous la fragilité de leurs jeunes mains la rudesse d'un poil équin.
Petit âne, hier il fut votre compagnon
Petit âne, nul doute, vous ne l'avez oublié,
Petit âne, sur les routes du doute, il avança
petit âne, plus aimant que nul être humain
Petit âne, aujourd'hui et demain
Petit âne, à jamais près de moi je te veux.
voilà quelques mots simplement pour vous témoigner ce plaisir que j'ai eu à vivre au travers de vos pages un voyage que je vous envie, un de ces voyages qui m'aurait permis de voir si mes photos pouvaient retranscrire la beauté d'instants volés au temps.
amicalement Alain

 
 
 
le 28-11-2009 01:25

De l'Auvergne à la Corse : série de photos drôles et étonnantes

 

A ceux qui trouvent les journées de cette fin de Novembre trop tristounes et trop mouillées, voici quelques photos qui devraient apporter un peu de chaleur et de soleil. Ici, petite sélection de photos drôles et/ou étonnantes de mon dernier voyage. Certaines reprennent des scènes de la vidéo de la page précédente : " Chéri, un âne facétieux..." Sur You Tube, en quelques jours, on a franchi la barre des 100, ça promet. A ce sujet, je vous signale que j'ai décidé de participer à l'actuel concours Planète Reporter organisé par  You tube et le Monde sur le thème de l'environnement. J''ai très peu de temps pour préparer ma vidéo, mais je vais faire mon possible pour que mon reportage soit au mieux. Il faut dire que ça n'est pas très bien parti, car celui qui devait m'aider pour le côté technique vient d'avoir la grippe A et j'espère ne pas l'avoir à mon tour. De plus, quelques petits problèmes matériels puisque j'ai dû restituer ma caméra de voyage à mes acheteurs... or ces derniers ne peuvent même plus me dépanner puisque, aux dernières nouvelles, ils se sont fait voler la caméra au Maroc... Bref, mes chances d'être sélectionnées sont vraiment très minimes, mais comme on dit " l'essentiel est de participer"  et en plus je suis très têtue... comme mon âne...

A tous, je vous adresse une bise pas contagieuse et vous souhaite un bon week-end hivernal, en attendant les prochains épisodes de la "saga de Chéri du nord de l'Auvergne à la Corse avec un euro symbolique". N'hésitez pas à laisser un commentaire : là aussi, on a dépassé la barre des 100 ! 

Pour lire les commentaires des photos, déplacez le curseur de la souris sur chaque cliché... 

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Voyons un peu ce qu’il nous reste à monter...

 

 

La femme qui poursuit le chien qui poursuit le cheval qui poursuit l’âne. Ah... Biquette Biquette, sortiras-tu de ce chou là ?


 

Un âne fidèle

Qui m’aime me suive...

Änes qui prennent la clef des champs : plus on est de fugueurs plus on rit.

 

Par un effet d’optique, l’antenne du Puy de Dôme posée sur les pierres du Temple de Mercure. Mercure, n’était-il pas le dieu messager ?

 

On n’est jamais mieux servi que par soi-même

 

C’est qui ça ? Mais oui, c’est moi ! Chéri qui s’intéresse à son ombre

 

Voyons, comment je suis... Chéri qui se regarde dans la glace

 

Pas mal, pas mal... Chéri qui aime se regarder dans la glace

 

L’eau est à combien ?

 

 

 

Le service est compris ?

 

Saisi au vol avant qu’il se dissipe, en arrivant sur la chaise-Dieu, un nuage en forme de flèche indiquant la bonne direction !

 

Chez une vétérinaire, ce chat très insolite !

 

L’âne chameau

 

Et maintenant l’âne grand fourmilier

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. lejardindhelene  le 28-11-2009 à 07:13:50  (site)

Bonne chance pour le concours et bon WE aussi.

2. mamiedu34  le 29-11-2009 à 13:43:24  (site)

merveilleux moment passé sur ton blog bonne chance pour le concours
bises et à bientôt pour lire de nouvelles balades avec chéri
Eve

 
 
 
le 22-11-2009 13:43

La générosité plus forte que le porte-monnaie (fin du chapitre)

 

Un petit mot sur la bâche contre une aide

 

 

DEPENSES au cours de ma randonnée, 

du 24 Juillet au 21 Septembre.


En Auvergne :

20 € - Maréchal ferrant, à Retournac, le 14/08/09


A Aix-en-Provence :

79 € - Achat d’un camescope, revendu d’avance. 


60 € 46 c. - Billet aller du Corsica Ferry. L’âne est compté comme un “chien”.


Sur le ferry :

3 € 60 - Consommation de boissons.


En Corse :

23 € 80 c  - Mes premières courses  et les  seules que je ferai tout au long de ma randonnée, à la date symbolique du 09/09/09. 


18 € 80 c Autres dépenses dans cafés ou brasseries.


81 € 78 c Billet retour du Corsica Ferry.


Sur le ferry du retour :  6 € en brasserie. 


Total des dépenses : 283,34 €



RENTREES d’ARGENT, au cours de ma randonnée.


– Au départ, 1 €. Mais des réserves de vivres et des livres à vendre en chemin. De plus, en échange d’une somme d’argent ou d’une aide, possibilité d’écrire un mot sur une bâche.


– 10 jours après le départ : 140 € obtenus dans les environs de Montluçon, notamment grâce à la vente de mes livres.


– Les 20 jours suivants,  je n’obtiens que 10 € (et très peu d’aide). La situation devient préoccupante. Mais heureusement, grâce à Vefblog, j’ai un point de chute chez Marina qui me réserve un accueil royal au terme de ma traversée de l’Auvergne, près d’Yssengeaux. Néanmoins (avec beaucoup de mal) je lui refuse 5 €.


– Je refuse une nouvelle fois 5 € sur le prix d’un de mes livres.


– Un mois après le jour du départ, dans le Lubéron, 120 € obtenus en 2 jours.


– Les 15 jours suivants, jusqu’à Aix-en-Provence, je ne reçois pas plus de 30 €, mais par ailleurs, je suis beaucoup aidée.


– Pendant mes 15 jours en Corse, j’obtiens encore 170 €, alors que je ne demande plus du tout d’argent. Je refuse de partager la somme du billet de 20 € trouvé par un berger dans l’herbe près de mon âne (voir le récit pages précédentes). 


– J’ai aussi trouvé 10 c par terre... Mais seulement 10 centimes...


Total des rentrées d’argent : 470, 10 €.

 

 

Et me voilà invitée à la fête du village (en Auvergne)

 

 



CADEAUX


En Auvergne :

- pierres améthystes (semi-précieuses)


En Corse : 

- pantalon kway

- tente igloo

- appareil photo

- pack de matériel de survie, de l’armée. 

- serviette de plage.


Bilan : Les Corses sont très généreux, ce n’est pas une légende. Certaines (mauvaises) langues prétendent qu’un mec barbu et baraqué, à ma place, n’aurait sans doute pas obtenu un quart de ce que j’ai obtenu. Ce n’est pas faux, mais il ne faut pas oublier non plus que mon âne sait charmer lui aussi, et en plus lui le fait exprès, pas moi... Ce n’est pas faux, je disais donc, mais ce n’est pas injuste non plus car, nous les femmes, nous avons plus besoin d’être protégées. Enfin, j’ajouterais que dans le sud de l’Auvergne, j’étais bien une femme pas barbue et pas baraquée, et que ça n’a pas changé grand chose... A méditer...

 Bâche à la fin du voyage

 

Bâche vue de plus près  


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

PRODUITS ALIMENTAIRES obtenus en chemin au cours des deux mois de randonnée.


Voici la liste, c’est surprenant ! Grâce à cela, je n’ai fait des courses qu’une seule fois en deux mois. En plus de ça, il faut savoir que j’ai été invitée de très nombreuses fois à dîner, au petit déjeuner et parfois au déjeuner. Une fois, en Auvergne, je suis tombée sur un repas de fête de village. J’ai aussi été invitée à une somptueuse table d’hôtes qui recevaient leurs amis et avaient mis les petits plats dans les grands pour l’occasion. Moi, j’avais des vêtements sales et de grosses chaussures pleines de gadoues : je faisais un peu tache dans le décor.

En Corse, j’ai été invitée deux fois au restaurant.


Lisez cette liste : la prochaine fois que vous ferez vos courses,vous penserez à moi !


En Auvergne (3 semaines)

–  Barquettes de frites (le premier soir de randonnée, par un café-restaurant)

– Tomates du jardin (+ 1 carotte pour l’âne, offerts par dessus une haie par une famille voisine du pré).

– Concombres du jardin (lors d’une pause déjeuner par des personnes qui m’ont laissé m’installer dans leur jardin).

– Gâteaux hollandais (+ 1 boisson sucrée ; offerts sur le chemin).

– Madeleines (offertes lors d’une pause pique-nique)

– Sac de prunes, pêches, 1 melon, du pain (dans un coin pique-nique assez fréquenté, par 3 femmes installées à côté / salade de haricots verts refusée faute d’avoir le récipient adéquat)

– Pain au chocolat (au petit déjeuner, par un jeune qui m’avait laissé m’installer dans un camping en travaux)

– Fromage de chèvre bio (par Camping de la Boisse qui m’a hébergé gratuitement/ Le camping fait aussi ferme bio).

– 4 tomates (lors d’une pause déjeuner).

– Un croissant et un thé (à mon arrivée, par une anglaise travaillant dans une brasserie)

– Tomates du potager de différentes espèces, 3 œufs frais (+ 1 bouteille de sirop, après une invitation à déjeuner, par un couple qui m’avait repérée par leur fenêtre au moment du déjeuner).

– Prunes, abricots, maïs en boîte, crevettes en boîte, paquet de Pépito, sachets individuels de café, biscottes, fromage, confiture, sucre (par une famille chez laquelle j’ai fait étape).

– Cake au thé vert (3parts, mais 1 volée par l’âne !)

– Framboises (cueillies par un randonneur et offertes lors de la montée du Puy de Dôme) 

– Tranches de saucisson fait maison, œufs durs, confiture pain (par hôtes qui m’ont royalement accueillie et hébergée, alors qu’ils avaient déjà reçu chez eux des randonneurs et leurs ânes l’année précédente).

– Saucisson, gâteau, biscotte, fromage, riz au lait (+ sauce vinaigrette, par Marina et sa famille, mon contact vefblog avant le départ !)


Bilan : Impossible de mourir de faim, même si dans le Sud on a été un peu plus parcimonieux. Les Auvergnats m’ont épatée avec leurs jardins potagers merveilleusement bien entretenus et riches d’une variété étonnante de produits frais. Certains légumes étaient pour moi parfaitement inconnus. Presque tous sont devenus adeptes du bio, et donc des produits de bonne qualité avec une saveur qu’on retrouve rarement, même sur des marchés. Les Auvergnats ont gardé la tradition du cochon tué à la maison et on goûte donc également à des saucissons qu’on ne voit jamais dans le commerce : un changement très appréciable...


En Ardèche (5 jours)

– Concombres et tomates du jardin (par une maman et ses enfants qui m’ont accueillie dans une maison très isolée )

– Tomates, salades (en chemin, lors d’un arrêt forcé à cause d’un orage)

– Paquet de gâteaux (offert en chemin).

– Noisettes, amandes, 2 oranges, 1 pomme (par 1 maman qui s’est arrêtée sur ma route pour me proposer un hébergement dans une caravane, alors que le temps était menaçant)


Bilan : Comme en Auvergne, des adeptes de produits frais et variés.



Dans la Drôme (3 jours)

– Différentes sortes de pâtés, 1 tranche de jambon de pays, plusieurs sortes de fromage, du pain (+ 1 bouteille d’eau gazeuse, par une famille qui m’a royalement accueillie).


Bilan : Un seul exemple pour les quelques jours passés dans la Drôme, et pourtant dès qu’on traverse le Rhône, une très grande chaleur d’accueil et une générosité rencontrée tout le long du chemin. J’ai été surtout invitée, ce qui explique le seul cas de don alimentaire.



En Provence (10 jours) 

– Brioche, tablette de chocolat, crèpes en sachet (+ bouteille de jus d’orange et 6 mini-packs de jus d’orange / offerts par une jeune femme qui m’a arrêtée sur mon chemin / de la générosité à l’état pur...)

– 2 melons (3 proposés, mais 1 refusé), poisson en boîte, salade en boîte (par le propriétaire d’un hangar près duquel je m’étais arrêtée).

– 1 melon (par une femme en chemin, qui quitte sa voiture pour me l’offrir / donc 3 melons le jour même : pas étonnant, Cavaillon n’est pas très loin !)

– 2 saucissons, pâté, 2 yaourts, compote, pain (dans le Lubéron, par un homme qui m’a aidée à trouver un coin pour la nuit / Une charcuterie excellente !)

– Des tomates cerises (dans le Lubéron, par le cultivateur qui m’a hébergée).

– 3 tomates (offertes par ceux qui m’ont hébergée).

– Paquets de gâteaux, lait concentré (+ Pulco, par ceux qui m’ont hébergés).


Bilan : Une générosité qui semble très spontanée chez les provenciaux. Plusieurs personnes m’ont proposée des produits alimentaires alors que la conversation n’avait même pas été engagée. Une générosité qui se fait aussi sur la quantité ; il est évident que l’on cherchait à me gâter, mais j’ai dû aussi refuser maintes fois, pour éviter de gaspiller et aussi de surcharger mon âne.


A Toulon (3 jours)

– Jambon, 3 tomates, 2 pêches, fromage, pain (+ carottes pour l’âne / par famille qui avait repéré l’âne et après invitation à déjeuner)

– 3 yaourts, jambon fumé, 1/2 melon, fromage, pain de mie (par la même famille)


Bilan : Un soutien précieux et un peu inespéré dans cette ville, au moment où il était important d’être aidée pour réussir à continuer mon périple via la Corse. 


Sur le Ferry, via Ile Rousse

Pizza fait maison, gâteau sec (par une famille qui m’a spontanément proposé de partager leur déjeuner).


BilanExplication à cette générosité : j’ai été repérée ; bien que séparée de mon âne et dans la situation confortable d’un voyage en mer, on tient encore à m’aider. Extra.  


En Corse (15 jours) 

– 6 tomates et 2 concombres (par un homme qui m’a prêté un pré pour la nuit, mais 2 tomates seront chapardées et mangées par l’âne qui jusque-là ne les aimait pas !)

– 3 paquets de gâteaux, un pot de miel (dans un domaine viticole qui m’a hébergée/bouteilles de vin de qualité refusées car elles auraient été trop en danger sur le dos de l’âne et le vin risquait de ne pas se conserver).

– Part de pizza, melon, orange (en guise de dîner par une famille qui m’a prêté un pré pour la nuit.)

– Melon, saucisson, paquet de gâteaux aux figues, gâteaux corses, pain au chocolat, salade en conserve, boîte de sardines, concombre (le lendemain, au départ, par la même famille / un dépannage de course car aucune possibilité de m’approvisionner sur la suite de mon trajet) 

– Sandwich jambon/fromage, chips, barre chocolat, pomme (+ cannette de Coca / produits offerts pour ma pause déjeuner).

– Glace + gâteaux corses + sucre  (avec café, offerts par snack-bar en bord de mer / + prix fait sur l’achat d’un saucisson).

–  1 croissant, 1 pain au chocolat, gâteaux corses (+ 1 café / par les mêmes, le lendemain matin au départ).

– 3 tomates (liberté de me servir à volonté dans un potager dont je n’ai pas voulu abuser). 

– Raisin et prunes (mais en fait, petit malentendu car ces produits étaient en réalité destinés à l’âne. / A mon tour, j’ai volé mon âne, bien fait !) 

– Charcuterie corse (saucisson , copa...), calamars, fromage, pain (liberté de me servir à volonté chez un traiteur. Impossible de refuser une si belle offre, mais sans abuser non plus...)

– Une demi-pastèque (pour le dîner, chez deux (autres) aventurières qui m’ont hébergée. 

– Tranches de jambon, tomate cœur de bœuf, biscottes, gruyère (par une automobiliste, venue à ma rencontre sur les conseils d’une autre personne).

– 1 pizza (+ 1 bouteille de Coca, offerts par des touristes à cause d’un arrêt forcé dans une paillote en raison de l’arrivée d’un orage).

– 1 tomate (par un pêcheur qui m’a laissé sa cabane pour toute l’après-midi et qui m’invitait à prendre tout ce que je voulais dans ses réserves alimentaires. Touchée par la générosité de cet homme qui vivait d’une manière très humble, je lui ai juste pris un fruit et laissé un petit mot, pour lui faire savoir qu’il avait lui aussi participé à mon voyage à sa façon...)

– 2 sandwichs jambon/fromage, une grappe de raisin (par un couple de retraités qui m’a hébergée)

– Bâtonnets apéritifs, fromage, biscuits à la cuillère (pain laissé sur place / par mes derniers hôtes)

– Une pizza et une bouteille de vin (En attente du départ sur le ferry).  


Bilan : J’avais cru, avant de venir en Corse, que la générosité corse était juste une rumeur alimentée par la “fierté nationaliste”. J’ai été bleuffée. On peut même dire que le constat saute aux yeux : on est beaucoup plus généreux dans cette région qu’ailleurs. Certains leur trouveront des excuses ; pour moi, au contraire, je pense qu’il n’était pas du tout évident de vouloir me soutenir à la fin de mon aventure et dans une région littéralement envahie par les touristes. Il est vrai que les touristes ont collaboré eux aussi à cette générosité, mais ils étaient moins nombreux en Septembre. En tout cas, il s’avère qu’on peut voyager tranquillement avec son âne, dans cette région, sans avoir la peur au ventre au moment où le soleil se couche : de toute façon, on sait qu’il y aura toujours quelqu’un qui fera un geste. De mon côté, je ne suis pas mécontente d’avoir eu cette idée d’inventorier tout ce que l’on m’a offert, afin de montrer que la générosité a plusieurs visages selon les endroits où l’on se trouve en France. Et là, il y a des preuves concrètes ! 


Bilan global : un seul mot, Merci. 

(NDA : Un oubli de ma part dans cette liste ? Vous pouvez me le signaler et je peux rectifier).

 

 

Merveilleux accueil

 

 

 

Pour compléter la liste, il faut bien sûr ajouter celle des innombrables fruits récoltés en chemin ou bien, à l’arrivée dans le pré. En chemin, outre nos très nombreuses mûres qui font le régal des randonneurs, il y eut, selon les lieux et périodes, des pommes, poires, pêches, nectarines, prunes, abricots, raisins. Quelques tomates volées dans un champ et un melon. Une fois, j’ai installé ma tente sous un cerisier ployant sous le poids des cerises (des griottes), alors qu’on était en août. Dans un autre pré, des prunes de toutes sortes. En Corse, fin Septembre, plus que du raisin jusqu’aux dernières vendanges, puis seulement des chataîgnes... 

 

 

Bâche vue de plus près

 

 


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Je termine cette page en vous signalant une modification de la vidéo qui présentait mon âne. A cette vidéo, j’ai rajouté des images de ma dernière randonnée. Les images choisies résultent d’une sélection draconienne et, bien sûr, je regrette vivement de ne pas pouvoir y mettre tous mes bons souvenirs. Très peu de visages apparaissent à travers les images sélectionnées, néanmoins je considère qu’il y a un accord plus ou moins formel pour la diffusion des images sur le net, dès lors que des personnes acceptent de se faire filmer avec mon âne. Mais si quelqu’un n’accepte pas de se voir dans le film, il va de soi que j’enlèverai aussitôt  la partie des images qui le concerne. Aussi, j’encourage vivement tous ceux qui ont croisé mon chemin, à aller jeter un œil sur le document. Je précise que ce dernier a été placé sur You tube et peut l’être aussi sur Dailymotion.  

 

 



 

 


Commentaires

 

1. lejardindhelene  le 22-11-2009 à 15:18:45  (site)

Qu'est ce qu'il est beau ton âne...Super la rencontre avec ses congénères...

2. marina43  le 23-11-2009 à 19:46:18

magnifique ta video et ton parcours et toujours autant beau
gros bisous

3. ROULOTTE-DESINVOLTE  le 24-11-2009 à 21:34:18  (site)

bonjour a toi amie du voyage que ta route sois bonne la mienne est pour bientôt.

 
 
 
le 16-11-2009 17:24

La générosité, plus forte que le porte-monnaie (troisième partie).

 


 




Si l’essentiel du temps mes faibles ressources financières n’ont nullement contrarié le plaisir de la rando, il est aussi arrivé que des imprévus m’imposent soudainement une dure confrontation à cette réalité, au point que je me suis mise à douter du bien fondé de mon choix. 



Un médecin spécialisé avec 1 € symbolique, est-ce possible ? 


Ce fut le cas dix jours après mon départ : un matin, au moment de me pencher au-dessus d’une sacoche, une branche de buis qui s’enfonce en plein dans un de mes yeux. Bref, un incident stupide comme il en arrive souvent en chemin et – on peut penser – bénin. Mais après la douleur vive de la brûlure et un interminable larmoiement, je me rends compte que j’ai perdu la vision de mon œil : du paysage, je ne preçois plus que de vagues contours colorés noyés dans un flou permanent. Au camping où je me trouvais, on me propose des petites doses de sérum physiologique. J’applique aussitôt le produit en espérant que ça va s’arranger. Mais rien. Et ça devient même pire car, par moments, les brûlures me reprennent et mon œil se met de nouveau à larmoyer sans que j’en comprenne la raison. J’en viens à croire qu’un bout de la branche est restée dedans. Pas très rassurante, une personne du camping en vient à cette instant à me raconter l’histoire d’un jeune garçon qui a, comme ça, perdu un œil. Alors qu’il était en vélo, il s’est pris une branche. Evidemment, je commence à m’inquièter pour la vision de mon œil.

 

Retenue d’eau en Auvergne au moment où mon oeil était malade


 

Une heure passe, puis une autre, sans changement. Un moment, je me dis qu’il faut quand même songer à partir. Sur la route, régulièrement, je me remets du sérum physiologique, mais aucune amélioration. Je me rends compte que mon œil malade m’handicape également pour la marche. Une voiture s’arrête et quelqu’un me demande ce qu’il se passe. J’explique. Malheureusement je ne tombe pas sur des toubibs. Mais ils me proposent d’ausculter mon œil. L’examen se fait sur un trottoir en bord de route. Pas de saletés apparentes, selon eux, mais vraisemblablement un petit caillot de sang provoqué par la blessure de la branche. 


Enfin, une première bonne nouvelle qui me rassure. Mais peu après, au moment de la pause déjeuner, les brûlures vont se raviver. Pendant deux heures, ça va être terrible avec en même temps un œil complètement rouge larmoyant. Je m’arrête avec mon âne dans une forêt, mais plus moyen de profiter de quoi que ce soit. J’enrage de cet incident stupide qui me fait tout gâcher et c’est alors que je commence à réfléchir à la solution d’un médecin. Mais un médecin, quand on est en pleine nature dans l’Auvergne et de plus, un spécialiste des yeux, ça ne doit pas être la porte, enfin disons plutôt, le chemin d’à–côté. Je finis par rencontrer une ramasseuse de champignons et l’interroge à ce sujet. Confirmation de sa part, le premier occuliste est à perpette. 


Mais là bien sûr n’est pas mon seul ennui. Il y a aussi la question du paiement ; je pense alors à mes 140 € récoltés au cours de ces dix jours. Tout cet argent risque d’y passer et je ne suis d’ailleurs pas sûre que cela puisse suffire. De toute façon, je dois quand même continuer à marcher.


Le soir, pas d’amélioration ; je continue d’avoir un œil aveugle et d’horribles brûlures, par moment, qui le font pleurer. Mais l’ombre d’une solution de traitement me redonne tout à coup un peu d’espoir : j’ai appris, quelques étapes plus tôt, par des personnes qui m’ont hébergée, que je pouvais bénéficier d’une aide immédiate de mon assurance auto au cas je serai blessée. En effet, l’assurance auto offre une intervention immédiate en tout lieu si on est blessé et même quand on est sans véhicule ; c’est surprenant et c’est très peu connu, mais on m’a certifié que je pouvais moi-même bénficier de cette aide. Et là, tout à coup je repense à ça. Oui, j’ai une blessure à l’œil, j’intègre donc la catégorie des “blessés”.


Toutefois, je me dis qu’il est quand même préfèrable d’attendre le lendemain.

Le lendemain, au réveil, j’ouvre un œil, puis l’autre, et là grande joie : mon œil blessé se remet à voir. Finie aussi la brûlure vive et juste l’impression d’avoir une sorte de gnon, comme si j’avais reçu un gros coup de poing dans la figure.  



Comment j’ai pu acheter une caméra performante pour seulement 79 euros. 


L’autre incident important, fut “ la panne définitive ” de ma caméra, au moment où j’arrivais dans le Lubéron. Incident que je relatais en direct sur le blog (voir donc dans les pages précédentes). A ce sujet, je remercie vivement l’internaute qui me proposait de me dépanner en me prêtant sa caméra, mais son message est arrivé malheureusement à un moment où je ne pouvais plus consulter Internet.  


Une caméra en panne, on pense que normalement, ça ne devrait pas gêner la suite du trajet, mais quelle tristesse de ne pas pouvoir mettre sur pellicule des paysages splendides qui font chanter des harmonies entre la pierre et la végétation et, d’autre part, il y a le plaisir de garder en mémoire des moments importants. Enfin, il y a tout simplement le témoignage, l’envie de raconter par l’image, ce qui s’est passé, sans oublier les inattendus, au détour d’un chemin, qui viennent ainsi enrichir le témoignage. La caméra c’est tout ça. Et la mienne faisait aussi appareil photo. D’une qualité semi–pro, elle me donnait un bon rendu et me laissait croire en un futur reportage de qualité.


Mais voilà, tout à coup, blim blam bloum... plus de jus, plus de mise en route possible. Morte, la caméra. Et avec ça, le film coincé à l’intérieur.


Or, le lendemain de la panne. Oui, je dis bien “le lendemain”, au matin, un homme vient avec une enveloppe et dans l’enveloppe un billet de 100 euros. Devais-je prendre cela pour un signe des dieux ? Cent euros, en effet, c’est une somme, mais à quoi peut-elle me servir cette somme, aussi belle soit-elle, si avec je ne peux pas me racheter une caméra ? Donc, je continue à être désespérée et lance çà et là des appels afin d’essayer de trouver quelqu’un qui pourrait me prêter la sienne.


Mon absence de caméra, en même temps, vient chambouler mes projets. Je pensais chercher un van qui pourrait m’avancer au plus vite vers Toulon, mais comment envisager une traversée, si j’y parviens, sans prendre une seule image ni même une seule photo de ce moment unique ? Ne pas pouvoir filmer à de pareils instants, c’est comme ne pas avoir d’appareil photo le jour du mariage. Bref, c’est quand même très frustrant.

 

 

Petite fille que Chéri fait rire aux éclats

 

 


Bien sûr, cela peut surprendre que l’absence d’une machine qui n’est pas nécessaire à la progression de la randonnée puisse ainsi tout gâcher et même mettre un terme au voyage... Comment faisait-on dans le temps passé ? Evidemment, on ne se privait pas d’effectuer de grands voyages. Tout était consigné par écrit. Peut-être quelques schémas, mais rien de plus. Forcément, c’était une autre mentalité. Mais pour moi, ça devenait la plus insurmontable des épreuves. Aussi, un moment je suis dit : “ Il faudra peut-être que je m’arrête à Aix-en-Provence. ” Mais en même temps j’hésitais. Je me disais aussi que je recevais là une belle leçon d’humilité. Car ne pas continuer à cause d’une caméra en panne, c’était quand même ridicule...


Mais, en chemin, le coup de fil d’une amie. Je lui raconte ma mésaventure et lui parle en même temps de l’enveloppe avec les 100 euros. C’est alors que pour elle la solution paraît des plus évidentes : ces 100 euros ne sont pas arrivés là par hasard ; ils sont certainement une solution pour permettre d’acheter une caméra. Je lui rappelle cependant la dure réalité des prix. Avec 100 €, on a rien en matériel pour filmer. Ma caméra coûtait dix fois ce prix et, si on veut du matériel de qualité, il faut de toute façon le double au moins. Je peux certes mettre un peu plus que 100 € dans l’affaire, mais au–delà de 150, c’est empiéter dangereusement sur mon “buget ferry”. La copine me fait alors remarquer qu’une mauvaise caméra vaut mieux que pas de caméra du tout. Elle n’a pas tort. Je lui demande si elle a la possibilité de jeter un œil sur internet pour voir les prix les plus bas et les magasins de vidéos sur Aix-en-Provence. Elle est d’accord, me rappelle un peu plus tard et m’annonce qu’il existe des caméras qui sont dans mon budget, ainsi que des magasins sur ma route. 


Mon amie avait vraiment réussi à me remonter le moral. Dès lors, je me suis fixée pour objectif de faire tout mon possible afin de me racheter une caméra à Aix. L’éventualité d’un achat, jusque-là, m’avait semblé si absurde que je l’avais aussitôt balayée de mes pensées, mais tout à coup, je comprenais qu’il fallait peut-être avoir ce coup de folie pour arriver à une solution ; la vie est ainsi faite : elle aime les paradoxes.


Pourtant, un début qui s’annonce mal : quand j’arrive dans Aix–en–Provence, nous sommes un samedi soir et il est 18 h 30. Je fais vite le calcul ; si je veux aller dans un magasin avant la fermeture du week-end, je dois, en un quart d’heure, trouver une maison pour me loger, un pré pour installer l’âne, et avoir une âme généreuse qui accepte de m’emmener en voiture dans une Fnac ou ailleurs, juste avant la fermeture. Et bien, chose incroyable, un quart d’heure plus tard, c’est comme je l’avais rêvé... En effet, grâce à la rencontre d’un couple formidable, mon âne est laissé dans un jardin de villa en bord d’une piscine,  mes affaires ont été mises à côté et le mari me propose généreusement de faire un rapide saut en voiture pour obtenir mon matériel. Je suis, en plus de cela, tombée sur quelqu’un qui semble avoir quelques connaissances dans l’informatique et la vidéo : je vais en plus pouvoir bénéficier de ses conseils. 


Mais sitôt arrivée dans les magasins, il me faut vite déchanter : les prix ne sont pas du tout conformes à mon budget, ni aux prédictions de mon amie qui s’était informée via le net. Pour les caméras les moins chères il faut débourser plus de 200 €. Donc presque un retour à la case départ avec en plus la perspective d’un dimanche qui vous ferme les portes au sens propre du terme. Je n’irai pas jusqu’à revendiquer l’ouverture des magasins le dimanche (car de toute façon ce n’est pas avec mes randonnées que je vais les enrichir), mais tout de même, quand on devient un cas (et non pas “inca”) de touriste banni de toutes les grilles de statistiques de marché de la consommation, il est quand même bien, n’est-ce pas,  de se dire que si les solutions existent, on existe aussi un peu, quand même (j’entends, socialement parlant). Mais très vite c’est le soulagement, car mon accompagnateur – qui s’est pris au jeu du défi de ma rando – en vient à une nouvelle possibilité : il existe entre Aix et Marseille une importante zone commerciale ouverte le dimanche ; là des magasins vidéos dont certains qui vendent d’occasion et en plus de ça il est d’accord pour m’y emmener. Je devine le sacrifice que ça peut représenter pour cet homme, que de devoir passer une partie de son dimanche dans une immonde zone commerciale, mais il insiste quant à moi, un petit mot a fait “tilt” à mes oreilles : “occasion ” ; là c’est sûr, si je prends un matériel d’occasion je peux avoir l’espoir d’un bon rapport qualité/prix. Et donc le lendemain nous voilà à courir dans ces préfabriqués de la zone commerciale. Et dire que je rêvais d’une rando très nature ! Mais bon, quelques petits écarts ne font de pas de mal non plus. Toujours est-il que des extra-terrestres venant de Mars ne seraient pas sentis moins dépaysés que moi. Mais soudain je tombe dessus ; un modèle d’occasion comme prévu ; même marque que l’ancienne ; une bonne qualité d’images et aussi un prix très intéressant : 179 € Oui, encore un de ces prix qui finit avec un “9”, selon l’habituelle stratégie commerciale ; j’apprends qu’il n’est pas possible de négocier ; là un hic, car ça empiète quand même sur mon budget ferry. A moins que... Et c’est là que commence la négociation de prix avec mon accompagnateur. Allez, 100 €, top là. C’est vendu ! Oui, vous avez bien compris. J’ai vendu une caméra que je n’avais même pas acheté. Mon accompagnateur qui cherchait lui-même une caméra trouvait ce modèle pas mal du tout. Eh bien, elle est à lui. Il devra juste attendre un ou deux mois. Mon accompagnateur est absolument ravi d’avoir fait une si bonne affaire quant à moi, au bonheur, je peux enfin avoir une caméra. Je paye donc 79 €. 


J’ai donc eu une caméra de qualité pour 79 €. Enfin, quand je dis 79 €, je devrai même dire pour 1 € symbolique ou même pour 0 €, puisqu’il s’agit des sommes obtenues en chemin, aussi j’avais un peu de mal à considérer cet argent comme le mien ; il restait “l’argent de la randonnée”.  


Maintenant que j’avais une caméra, je pouvais essayer d’aller au plus vite à Toulon. Plus de temps à perdre car on arrivait sur Septembre ; il me fallait à tout prix trouver un van. Enfin, quand je dis “ à tout prix ”, c’est bien sûr une façon de parler. Il faudrait plutôt dire : “ à aucun prix ”, et là évidemment c’est nettement moins évident. Mais le jour même, je me rends dans le centre équestre d’Aix-en-Provence. Et là, j’apprends une très bonne nouvelle : le patron du centre équestre doit partir le lendemain avec un van vide pour aller chercher un cheval à St Trop. Il doit donc passer par Toulon. Peut-il m’emmener avec mon âne ? Pas de souci. Et c’est gratuit !    



Histoire d’une tente en fin de vie et d’un vent qui fait des miracles...

 

un bon gardien pour ma tente. Quand elle tenait encore debout.


 

Mon troisième imprévu, ce fut la tente. Là aussi ça commença dans le Lubéron. A croire que dans cette région qui attire quelques familles de nantis, il existe aussi quelques mauvais génies briseurs de matériels. Toutefois la tente ce n’était pas aussi grave que la caméra ; un des tenants en fibre da carbone qui était sur le point de casser ; je connaissais déjà ce genre de souci et avait déjà pris l’habitude de procéder à quelques bricolages réparateurs ; ce n’était pas du très solide (je ne suis pas une très bonne bricoleuse) mais au moins ça devait tenir. Du moins je l’espérais. Cependant j’avais oublié un paramètre important dans cette histoire : le vent. Or, le vent en Corse dans la Balagne, ça souffle. Et le troisième soir de mon arrivée sur l’île, crac ! la tente qui s’affaisse et la toile qui me tombe sur la tête. Ma nuit semblait sérieusement compromise, mais après une heure de tatônnement, je réussis à trouver un équilibre à ma tente, histoire de ne pas avoir à dormir avec de la toile sur la figure. Mais cette nuit-là le vent soufflait fort avec de grosses rafales de 100 km/h. Evidemment, il ne se passa longtemps avant que, de nouveau, il y ait un affaissement de la tente. Donc, au milieu de la nuit j’allais la redresser, puis je me recouchais. Mais une heure plus tard, il fallait encore recommencer. 


C’est là où j’ai eu une idée. Ayant déjà eu à organiser des manifs, je me souvenais de la technique qui permettait aux banderoles de ne pas se gonfler sous l’effet du vent ; on prenait un cutter et on les tailladait de partout. Et bien, c’est ce que j’ai décidé de faire avec ma tente. J’ai pris une paire de ciseaux et je l’ai lacérée de tous les côtés. Le procédé a fonctionné ; ma tente a pu tenir debout jusqu’au lendemain matin. 


Jamais je n’aurais imaginé que mes lointaines connaissances d’organisatrice de manif m’aideraient un jour, en Corse, au cours d’une rando.


Cependant, le lendemain, devant l’amas de tissu déchiqueté qui me restait, je pouvais déclarer officiellement que je n’avais plus de tente. Et pour une autre tente, il n’y avait pas 36 solutions ; il n’y avait qu’une seule ville où je pouvais me rendre : Calvi et dans Calvi, un seul magasin où l’on vendait des tentes.


Et devinez quel jour on était ? Mais oui, bien sûr, un Samedi. Aussi, le calcul fut vite fait ; pour arriver à Calvi avec mon âne, il me fallait la journée. Je risquais, une fois encore d’arriver au moment de la fermeture. A moins que...


Dans un café, on me parla de bergers que j’allais rencontrer sur ma route. Ils étaient plusieurs, disséminés le long de mon chemin. Très certainement l’un d’eux allait accepter de bon cœur de m’emmener en voiture. Il y avait donc déjà une solution de ce côté, mais je pensais également à mon budget. Certes, la question du ferry pour la Corse ne se posait plus puisque j’y étais, mais je ne pouvais pas prolonger indéfiniment mes vacances – même si elles ne me coûtaient rien – et il fallait donc que je prévoie un budget pour le retour. Côté finances, ça allait encore, même s’il fallait faire un peu attention. Bref, j’espérais obtenir une tente pour une vingtaine d’euros. 

 

 

 

 


Je pris donc la route des bergers sans trop savoir comment j’allais les rencontrer. Mais très vite quelqu’un qui me fait signe d’une fenêtre et me demande d’attendre. Puis il vient à ma rencontre accompagné de ses enfants, et me propose d’entrer pour prendre un verre. Sa maison étant en bord d’une route tournante et pentue, je lui fais remarquer qu’il n’est pas très pratique de garer mon âne à cet endroit. Mais il me dirige vers un petit arbre, un amandier un peu en retrait de la route. Je commence à attacher mon âne mais il décide de me venir en aide et, tout à coup, en se penchant, le voilà qui fait une découverte surprenante. Dans une touffe d’herbe, un billet ! Oui, un vrai billet de banque ! Et devinez quelle somme? Vingt euros !


Aussitôt, il s’exclame :


– « Regarde ça. En plus l’âne il me porte chance ! »  


Et il empoche le billet.


Je ne lui avais pas encore dit que je voyageais sans argent et surtout que le jour même il me fallait vingt euros pour la tente. Ce billet arrivé dans l’herbe, au pied de l’amandier, c’était forcément le vent qui l’avait apporté là. Le même vent qui avait démolli mon reste de tente, la veille.  


Vient le moment où il m’offre un verre et où s’engage la discussion. Il m’interroge et là, je me vois obligée de parler des conditions de ma randonnée. Mais, volontairement, je reste vague. Cependant, il comprend. Posant une main sur la poche où il avait mis le billet, il me rétorque :


– « Je ne vais quand même pas vous donner 20 euros. »


Il était prêt à partager. 


J’ai alors pensé que j’avais quand même déjà la somme pour m’acheter une tente, même si cela imposait quelques restrictions. De plus, ce n’était pas moi qui avais aperçu le billet. Enfin, il paraissait évident que ce berger avait plus besoin de cet argent que moi. Je lui ai donc demandé de garder la somme.


J’ai repris la route. Il était prévu que je revoie le berger en chemin et, s’il ne trouvait personne pour m’emmener à Calvi, il pourrait lui-même le faire. 


Cependant, en chemin, la maison d’un autre berger. Je m’y arrête. Lui aussi peut m’emmener en voiture à Calvi. Mais par précaution, il préfère appeler le magasin. Et il a très bien  fait. Dans le magasin, aucun modèle de tente qui pourrait me convenir. Mais il y en a probablement un qui arrive lundi. Ce ne sera pas avant lundi, car il n’y a pas de livraison. Et enocre, pour lundi, ce n’est pas tout à fait sûr. Quant au prix, il est entre 20 et 30 €. 


– Et pourquoi une tente ? me demande tout à coup le berger.


Oui, pourquoi ? Pourquoi une tente ? Pourquoi une voiture ? Pourquoi de l’argent? Pourquoi un téléphone ? Et aussi, pourquoi se dire pourquoi...


– Et s’il pleut ?


Il n’avait pas pensé à cette éventualité. Il n’avait pas pensé non plus à l’aspect sécurisant de la tente pour une femme seule. Dans une tente, on ne sait pas qui s’y trouve et s’il y a une personne ou plusieurs. Mais si je dors à la belle étoile, je peux me faire surprendre au beau milieu de la nuit.


J’ai passé la nuit dans la bergerie. Le lendemain, pas question que je m’éloigne de Calvi où il me fallait attendre une hypothétique tente, pour lundi. La veille, en chemin, quelqu’un m’avait donné un billet de 10 €. Je pouvais donc prévoir une tente à 30 €. Mais surtout, il m’avait donné une adresse très intéressante dans les environs pour le lendemain. 


Après quelques difficultés pour trouver mon chemin dans le maquis, je me suis rendue à cette adresse. Là, j’ai été accueillie royalement. En plus de ça, on m’a donné la somme de 100 € et, devinez quoi ? Une petite tente qui ne servait plus. Je l’ai regardée, je l’ai montée. Elle me convenait parfaitement. Plus la peine d’aller à Calvi. 



Mes dépenses et la première fois que je touche à ma tirelire...


Oui, pendant ma randonnée, on m’a offert deux fois la somme de 100 € ! C’est tout simplement hallucinant. 


Je n’ai donc jamais manqué d’argent. Je peux même  affirmer que plus je prolongeais ma randonnée et plus je m’enrichissais. 


Les dernières semaines, je me suis dit : « C’est bon, plus la peine de faire des économies. Je suis libre de dépenser, de me faire plaisir. » Mais phénomène curieux, je n’arrivais plus à dépenser. On connaît le comportement inverse : l’achat compulsif. Et bien moi ça devenait de l’économie compulsive. A chaque fois que se posait la question d’un achat, je me disais : Non finalement, ça ne me tente pas vraiment. Je n’en ai pas vraiment besoin... Et je n’achetais pas. Ou bien, quand j’étais résolument décidée à dépenser mon argent, quelqu’un me devançait et m’offrait ce que j’attendais. Il est vrai que sur ce point la générosité corse y est pour beaucoup. Mais il fallait se rendre à l’évidence : j’avais un problème docteur. Je n’arrivais plus à dépenser.


Ma première dépense eut lieu 20 jours après mon départ. Autrement dit, trois semaines sans sortir un seul centimes de ma poche. Mais je vois que mon âne a de plus en plus mal aux pieds quand il marche. Je n’ai pas envie qu’il devienne une stupide victime de mon défi financier. Je profite d’un point de contact au sud de l’Auvergne pour avoir l’adresse d’un maréchal ferrant qui soit fiable. Je fais la rencontre d’un homme très sympathique. Il n’a ferré qu’un seul âne, ce qui n’est pas très rassurant, car les ânes et les chevaux ont des sabots très différents, mais, ironie du sort, je me rends compte que je connais l’âne en question ainsi que son propriétaire ; c’est donc plus qu’une réfèrence ; ainsi, je fais ferrer mon âne dans les environs de Retournac. En même temps, j’apprends au maréchal ferrant qu’il va être ma première dépense. Là, sentiment de culpabilité de sa part. Il ne voudrait pas qu’à cause de ça, ma randonnée échoue. Il ne me demande que 20 €.


Après mon passage chez lui je n’étais plus en quête d’argent. Je ne demandais plus. On me donnait spontanément, si on souhaitait participer. Durant mes deux mois de voyage je n’ai pas dépensé un seul centime pour l’hébergement et je n’ai fait les courses qu’une seule fois. C’était un jour symbolique, puisqu’on était le 09/09/09.


Une seule fois les courses, mais je me suis achetée une caméra. C’est vrai, c’est absurde. 



Une belle leçon d’humilité 


J’ai repensé une fois à cette problématique d’un voyage sans image filmées ni photographiées. A la table d’une terrasse, un Corse raconta un jour comment, avec un ami, il avait essayé d’apercevoir le mouflon corse. Plusieurs ils avaient entrepris d’importantes expéditions en haute montagne et sans pouvoir apercevoir l’ombre d’une corne. Mais à force de tenacité, un jour, après quatorze heures de marche ininterrompues, il finirent par l’apercevoir, le seigneur des montagnes corses. Ils restèrent là à le regarder. Juste le regarder. Avec eux, aucun matériel. Pas de caméra. Pas d’appareil photo. Seulement leurs yeux. 


Ce témoignage m’a marquée. Je n’étais pas la seule à donner des leçons d’humilité. Là, c’est moi qui en recevais une.  



Quand il faut faire les comptes...


J’ai eu également l’occasion de repenser au billet de 20 € trouvé par le berger au pied de l’amandier. Quand j’ai additionné les sommes d’argent reçues au cours de mon voyage, je suis arrivée à 470 €. En même temps, je me suis rappelée que j’avais refusé deux fois la somme de 5 €. Or, si on j’ajoute les 10 € au total obtenu, je me rends bien compte qu’il manque 20 € pour arriver à 500 € tout rond.


Encore un clin d’œil du destin sans doute... 

 

 

 

 

 

 

 


Commentaires

 

1. lejardindhelene  le 16-11-2009 à 17:38:48  (site)

Toujours aussi bien écrit et passionnant...Belles leçons de vie et d'espoir car finalement quand on ose...
Bonne soirée

2. nina4378  le 19-11-2009 à 20:02:10

toujours presentes pour pouvoir suivre ton parcours. et toujours envie et le plaisir de te lire.
a bientot bisous

 
 
 
le 04-11-2009 11:35

La générosité, plus forte que le porte-monnaie (deuxième partie)

 


 

Avant-Propos

Tout d'abord, mes plus plates excuses à mes fidèles lecteurs pour ce long silence. Mais dès lors j'espère pouvoir adopter un rythme plus régulier. L'explication : tout simplement j'ai été prise dans le tourbillon de la rentrée qui, pour moi, s'est faite en octobre. Déjà, nécessité de réaliser des tests, puis de les faire passer à mes élèves, puis d'organiser les cours, car la présidente de l'association était en vacances à ce moment-là, enfin beaucoup de temps pour préparer les cours. A cela d'autres préoccupations à cause d'une maison en travaux et, dans certains cas, ça ne se passe pas du tout comme prévu.

J'avais aussi pour souci de pouvoir récupérer l'ensemble de mes films afin également de tirer des photos des films ; il m'a fallu du temps et de l'aide, mais ça y est c'est arrangé et, dès lors, je pourrais plus facilement illustrer mes récits. 

Mais il y a aussi du nouveau et déjà un futur projet de rando, soit à Pâques, soit début Mai. La rando cette fois ne durera que 4 jours et aura lieu près de chez moi, mais elle aura sa particularité : cette fois, je ne serai pas une « pauvre » randonneuse solitaire car il faut s'attendre à une dizaine de randonneurs et à presque autant d'ânes. Oui, vous avez bien compris, il s'agit d'une rando asinienne de groupe. Cette rando a été décidée à mon initiative et aussi à celle d'un vétérinaire du coin qui est également un passionné d'ânes Bien sûr, je vous donnerai plus d'infos sur le sujet par la suite, mais avant ça, continuons le récit de mon voyage.

 

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Souvent, j'ai entendu cette question : « Mais pourquoi avoir décidé de partir avec un euro ?»  On me dit ça comme si c'était une souffrance infligée, une pénitence, voire même un absurde défi. Mais non, désolée, j'étais convaincue que l'argent ne faisait pas tout et je voulais montrer qu'il existait une autre manière d'établir un échange avec les autres. 


Donc, pour moi, la question est absurde. Pourquoi payer ce qui peut-être obtenu gratuitement ? Pourquoi dépenser alors qu'on se sent très bien sans dépenser ? Pourquoi s'imposer la corvée des courses alors que l'on n'a pas besoin de courses pour manger ? Notre esprit, formaté par un modèle de société basé sur la supériorité de l'argent a dû mal à concevoir cela, mais mieux que de concevoir, il faut pratiquer pour voir que c'est possible. 


Mais bien sûr, derrière ça, l'arrière-pensée que je pourrais être une profiteuse, une pique-assiette Evidemment, si le client est roi, je nuis à la toute-puissance du client. Je suis en quelque sorte une anti-royaliste. Mais réfléchissons un peu : qu'est-ce que je dispose comme « moyen de pression » pour -disons-, « me faire inviter » et « profiter d'opportunité » ? Je ne  racole pas, je ne mendie pas ; je ne raconte pas des balivernes ; je raconte simplement l'histoire que je suis en train de vivre. De cette sorte, une possibilité pour d'autres de participer à un bout de mon aventure ; autrement dit, ce n'est pas parce qu'il n'y a pas d'argent qu'il n'y a pas d'échanges. Et quand je parle d'échanges, j'entends par-là une équité dans l'échange.


Si parfois j'ai été surprise par la générosité des gens, à d'autres moments j'ai été tout autant étonnée par l'indifférence et l'avarice de certains autres. Ceux que je croise, je ne les verrai certainement qu'une seule fois de toute leur vie, aussi j'ai dû mal à croire qu'on puisse être lassé ou blasé par des personnes qu'on ne rencontre pas plus d'une fois dans sa vie. Mon expérience est unique et ceux qui font de longs voyages comme moi ne courent pas les rues ; si on n'a même pas la curiosité de se renseigner, de s'informer, d'apprendre ce qu'on ignore, c'est étonnant… Je veux bien croire que le sujet ne passionne pas tout le monde. Mais en même temps comment se faire un avis sur ce qu'on ignore totalement ? 


Donc, il y a un échange et bien sûr dans tout ça l'âne a un rôle important. N'est-il pas drôle et étonnant d'avoir un soir, un âne chez soi ? Un âne dans son jardin ? Et qui plus est, un sacré bout d'âne, un vrai baroudeur qui mange des kilomètres et cumule les expériences ? Evidemment cela est l'occasion de quelques photos mais aussi de quelques coups de fil ; on appelle la famille, les amis, les enfants, la grand-mère… Les voisins s'en mêlent et ça devient l'occasion de rencontres conviviales. Les bouteilles sont sorties, puis les plats. Puis on fait aller les enfants sur le dos de l'âne. Petite larme d'émotion dans l'œil de l'aïeule qui se rappelle le «  bon vieux temps ». Et encore des photos. Puis encore des bavardages. Alors on découvre ma vie ; et je découvre celle des autres… c'est finalement très simple.


Dans certains cas, je crois même que mon âne a su donner une belle leçon de générosité. Beaucoup de gens ont, comme crédo, cette idée qu'il faut, dans la vie, être égoïste et ne penser qu'à soi pour ne pas être « dévoré » par les autres. Ça, c'est bien dans la mentalité de notre époque ! Mais quel dommage que d'opposer son intérêt à celui des autres. Et pourquoi nos intérêts ne pourraient-ils pas également se combiner ? Aussi, parfois, dès le premier contact un accueil froid, distant… Forcément, je menace d'envahir, d'occuper un territoire qui n'est pas le mien. Jusqu'à ce que les envahis se rendent compte qu'ils deviennent à leur tour envahisseurs. Bref, on s'envahit mutuellement. Aussi, chez certains, on voyait qu'il n'était pas du tout habituel d'être accueillant et généreux. Mais au fil des heures, la glace était rompue et certains étaient comme surpris du plaisir qu'ils prenaient à rendre service. Ils ouvraient une porte qu'ils n'avaient jamais osé ouvrir avant et s'étonnaient tout à coup de la joie de vivre que cela leur apportait. Non, être généreux, ça ne veut pas dire qu'il faut se sacrifier, se saigner… On perd quelque chose, mais on gagne aussi…  


Peut-être que pour certains ce fut le premier geste de générosité de leur vie. Evidemment, je ne peux pas le garantir. Mais si j'ai réussi ça… à mon avis ce serait formidable. 


Parfois la glace se rompt peu de temps avant le départ. On me propose une douche, un café, des tartines de beurre. Mais non ça y est, le petit déjeuner a été pris, tout est remballé ; je dois seulement penser au départ. Mais qu'importe, c'est l'intention qui compte ; on garde forcément un meilleur souvenir de gens qui  vous font des offres.


Certains font difficilement ce pas en avant. Mais cela les préoccupe. Ils sont sur la tangente, hésitent, se torturent l'esprit et, finalement, se compliquent beaucoup plus qu'en ayant le geste simple de m'accueillir.

 

Ainsi, le souvenir d'une famille qui avait repéré mon campement par la fenêtre de leur maison. On avait d'abord envoyé la gamine, juste pour venir me voir. Le trajet n'était pas simple ; elle devait contourner un  champ en passant  entre des hautes herbes. Après avoir vu l'âne et discuté un peu, elle me souhaite un bon dîner et une bonne nuit. Cette politesse a au moins l'avantage de me faire comprendre clairement que je ne suis pas invitée. Donc la gamine repart en contournant le champ en sens inverse. Mais peu de temps après la revoilà. Lueur d'espoir de mon côté : certainement une invitation à dîner. Mais je déchante bien vite car la raison de la venue de la gamine est toute autre :

- Mon papa m'a dit que ton âne n'est pas bien attaché. Si tu veux il peut te passer une corde.

- Si si… Ne t'en fais pas, il est très bien attaché mon âne.

Et la gamine qui repart en sens inverse en contournant à nouveau le champ.

Environ un quart d'heure plus tard, encore une petite tête qui apparaît ; c'est encore elle :

- Mon papa m'a dit que ton âne il doit avoir soif. On peut lui donner à boire si tu veux.

- Merci bien, mais c'est inutile ; je lui ai déjà donné à boire tout à l'heure.

Et encore une fois, la gamine qui retourne chez elle par le chemin compliqué.

Encore un quart d'heure qui s'écoule et, avec la précision de Big Ben, réapparition de la gamine. Mais cette fois elle est accompagnée de son papa :

- Bonjour Mademoiselle. Vous ne pensez pas qu'il est dangereux de dormir seule ici ? Si vous voulez, vous pouvez mettre votre tente dans notre jardin ; vous serez beaucoup plus en sécurité. 

Ces gens venaient de comprendre qu'ils pouvaient me rencontrer sans avoir à contourner le champ. Mais en réalité le service était pour eux, pas pour moi. Sinon ils n’auraient pas attendu que je plante ma tente pour me faire cette proposition. 

Je leur ai donc fait comprendre que ça ne m’arrangeait pas du tout de redéfaire ma tente pour la réinstaller chez eux et au demeurant le coin me paraissait, au contraire, bien tranquille. Mais c'était gentil de leur part. 


Ce comportement est semble-t-il assez typique d’une mentalité que l’on trouve dans le sud de l’Auvergne ainsi qu’en Ardèche. Cette rumeur qui nous dit que les Auvergnats sont rapiats  semble malheureusement se confirmer en ce qui concerne les parties sud. Mais il ne faut pas généraliser d’une part et, en même temps il ne faudrait pas prendre cela pour de la cupidité. C’est plutôt quelque chose qui semble relever de la tradition : une sorte de repli sur soi, ou c’est chacun pour soi et dieu pour tous


Des anecdotes de ce genre, je pourrais vous en donner d’autres. Inutile de préciser le lieu : nous sommes bien là dans le sud de l’Auvergne.


Je demande de l’eau aux habitants d’un village. Je me retrouve même à faire du porte-à-porte pour avoir de l’eau potable. Mais à chaque fois la même réponse :

– «Vous pouvez prendre celle de la fontaine. C’est marqué “eau non potable” mais vous ne risquez rien. Nous-mêmes nous la buvons...»

Ces gens disaient ça, mais en même temps à plusieurs reprises mon œil avait pu repérer des stocks de bouteilles d’eau minérale. 


Une fois je rencontre un boulanger passionné d’ânes.Un boulanger ? Aussitôt je me dis que je vais avoir le droit à du bon pain frais pour le petit déjeuner et même peut-être un croissant. Il me propose un pré pour ma tente et mon âne. Pour l’eau, petite rivière au fond du pré. Le trajet pour aller jusqu’au pré me détourne de mon parcourt. Je suis isolée de tout. Quant à la petite rivière, elle est difficilement accessible et l’eau n’est pas récupérable avec un seau. Il faut vraiment que mon âne soit assoiffé pour qu’il ait envie d’aller boire là. Bref, ce n’est pas l’idéal. Le boulanger me laisse-là en ajoutant : dommage, je n’ai pas pensé à prendre du pain dur pour l’âne. Le lendemain, je le vois revenir au moment où je partais. Il faut au moins 5 km pour ça. Et pour quoi donc? Pour m'apporter du pain frais ? Des croissants ? Non, juste pour me voir partir. 


Une autre fois, j'avais planté ma tente chez un très vieil Auvergnat qui m’avait laissé l’accès à son tuyau d’arrosage. Le  matin je viens remplir le seau. Le vieil homme ouvre sa porte et s’indigne : Mais non, je vais pas vous laisser comme ça. Entrez donc ! Qu’allait-il donc me proposer de mieux. Et bien de l’eau au robinet de son évier.


Et en fin de compte, ce n’était pas mieux, c’était pire, car il devenait plus compliqué de porter le seau. 


Non ce ne sont pas des blagues, c'est du vécu. Ils sont aussi drôles que ça les Auvergnats du sud. Comme quoi, même quand on est mal servi, on peut quand même rire.

 

 

Certains échanges sont équitables. D’autres ne le sont pas. Dans certains cas j’ai l’impression qu’on est beaucoup trop généreux avec moi et je me sens, au bout d’un moment, le besoin de refuser. Pour cette raison, il m’est arrivé parfois de refuser de l’argent ou des services.


Mais inversement, il arrive aussi que l’on abuse de ma présence et de celle de mon âne au point que je me sente moi-même lésée. Ce fut le cas à Toulon. Des gens cherchaient des bêtes pour défricher un terrain. D’habitude ils allaient chercher des moutons chez un voisin. Là, ils avaient mon âne. Ils étaient très contents de tomber sur cette opportunité. Ils m’ont laissé mettre ma tente à côté. J’avais le droit à un accès à une petite remise avec des toilettes et un lavabo complètement délabrés et envahis de toiles d’araignées. Je suis restée là trois jours sans mettre une seule fois les pieds dans leur belle demeure. Une journaliste est venue est un fait un article qui est paru dans un quotidien très lu. De cette façon leur entreprise a eu le droit à une pub monstre. Et pourtant ils m’ont refusé le moindre petit service. Je n’avais pas le droit de téléphoner : il a fallu que je fasse des kilomètres rien que pour cela. Ils n’ont même pas voulu prendre ma poubelle avant que je parte. Résultat : bien que mise en hauteur, des chats ont réussi à l’attraper et à la déchiqueter. Pas d’autre choix que de leur laisser. C’était bien fait pour eux.


 


Commentaires

 

1. lejardindhelene  le 04-11-2009 à 12:35:41  (site)

Toujours aussi intéressant et plein de sens...Un plaisir de te lire...
Bonne continuation...

2. nina43  le 06-11-2009 à 16:54:30  (site)

toujours impatiente de pouvoir suivre a nouveau ton parcours et toujours a greable de pouvoir te lire.
gros bisous

3. willow  le 10-12-2009 à 10:52:31  (site)

j'ai enfin pris le temps de lire tout le détail de cette aventure ..... j'étais un peu déçue de ne pas avoir eu un âne qui grignotte mes quelques plantes du jardin avant mon départ ou pendant mon absence (j'avais laissé les clefs et pleins de consignes au voisin hihihihi) , mais bon, tu es passée juste à côté à priori , ce qui semble logique pour le trajet entre Vaison et le luberon. Je comprends que le retour ait été difficile , en fait , la liberté et la curiosité de découvrir d'autres secteurs , de marcher ..c'est une autre vie qui fait comprendre finalement celle des nomades ..très riche ......
Caresses à Chéri A+

4. aupasdelane  le 17-12-2009 à 21:53:19  (site)

Réponse à willow
Pour répondre à ton com', moi-même désolée de ne pas avoir pu vous rencontrer. J'ai pourtant bien tenté de mon côté certaine que j'allais pouvoir échanger mon expérience avec des gens très sympathiques et intéressants. Mais outre le retard pris sur mon chemin, de la fatigue, et des tas de préoccupations qui ne me laissaient plus vraiment la possibilité de choisir mes lieux d'arrêt. A ce stade je ne faisais que saisir les opportunités sans trop savoir si j'allais continuer longtemps. Un moment, je me suis rendue compte que ça me ferait un trop long détour car, bien sûr au pas de l'âne il suffit de très peu pour être dévié et très éloigné du lieu prévu. Mais ça m'a quand même fait plaisir de savoir qu'il y avait un "drapeau planté" pour moi et mon âne quelque part sur les chemins du sud.
Sachez de votre côté qu'il peut être possible de se rencontrer à l'occasion d'une prochaine randonnée. Même si je ne passe pas par chez vous, et si vous avez l'occasion de bouger... il est aussi possible pour quelques heures voire plus, de faire un bout de chemin avec moi.
Alors, je l'espère, à une prochaine fois.Lapin

 
 
 
 

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